Effet boule de neige [PV Shin]

Immobile devant son casier grand ouvert, Kayo dépose lentement des affaires à l’intérieur. Les livres du matin qui n’ont plus leur place sous peine de peser trop lourd dans le sac. Un petit miroir est fixé à l’intérieur de la porte du casier mais depuis que celle-ci est ouverte, la jeune fille n’y a toujours pas jeter un œil. Il faut dire qu’elle est trop plongée dans ses pensées pour agir plus efficacement. Ca faisait un mois maintenant qu’elle avait surpris l’idole montante du lycée, cette idiote d’Hikaru et l’un des KnS, le capitaine de l’équipe de basket de l’école, ce niais de Anzai Ken et ce souvenir lui trottait dans l’esprit sans arrêt. Kayo n’aimait pas le fait que son ancienne camarade de classe du collège, celle dont elle supportait la présence à ses côté uniquement pour le plaisir de la torturer, puisse avoir un tel succès au lycée et en plus ait finalement réussi à sortir avec le type qui justement lui avait tapé dans l’œil au lycée. Mais même si cette nouvelle était agaçante, la situation actuelle, la présence des KnS et le conflit qui semblait les animer face à son ancienne souffre douleur, l’amusait beaucoup et l’aiderait à faire tourner les choses à son avantage. En effet, il suffisait de mettre une seule personne au courant de la relation qu’entretenait Hikaru avec Ken pour voir les choses se gâter et elle avait suffisamment attendu maintenant. Car oui, elle ne s’était pas gênée. En plus d’avoir surpris les deux tourtereaux à la sortie d’une salle de cinéma, enlacés l’un à l’autre, elle n’avait pu s’empêcher d’aller les voir, un large sourire aux lèvres pour qu’ils comprennent qu’ils étaient découvert et par la pire personne qu’ils auraient pu espérer.

A l’évocation de ce souvenir, Kayo ne put s’empêcher de ricaner, poussant ses voisins de casiers à se retourner sur elle dans l’espoir de comprendre mais elle ne leur prêta même pas une once d’attention, jubilant déjà de la suite. Pourquoi n’avait-elle rien dit jusque là ? Il n’y avait rien de plus amusant que de voir le regard désemparé de la pauvre Hikaru en classe ou dans les couloirs. La torturer était vraiment le jeu préféré de Kayo. Cette fille était si naïve et fragile, pauvre poupée ! Mais cette fois Kayo avait assez attendu. Il ne fallait pas trop attendre non plus car Hikaru risquait de mettre fin à sa relation avec Ken uniquement parce que la pression du secret qui pouvait éclater à tout moment aurait été trop fort et ça il ne le fallait absolument pas.

Enfin résolue à tout balancer à Hanazawa sama, Kayo finit de compléter son sac de cours puis daigne enfin se regarder dans la glace pour faire quelques retouches de dernière minute. Une fois sûre d’être suffisamment charmante pour s’adresser au chef des KnS et optionnellement celui dont elle fait tout pour le faire craquer (pauvre Kayo) elle referma son casier, un large sourire aux lèvres et rajusta la jupe de son uniforme avant de se lancer dans le couloir à la recherche de son objectif. Vu l’heure avancée de la matinée, elle savait pertinemment où le trouver mais encore faudrait-il qu’il accepte de se séparer de ce Shuuji dont il était souvent accompagné.

Elle venait juste de tourner au coin d’un couloir lorsqu’enfin elle l’aperçut. Satisfaite de constater qu’elle avait raison sur l’endroit où le trouver, elle resta un moment au coin du couloir pour l’observer de loin. Elle ne fut pas surprise de voir qu’il était effectivement accompagné d’Endo Shuuji, il faudrait faire en sorte de l’éloigner. Elle réfléchit un instant avant de s’élancer dans la direction des deux garçons qui semblaient en pleine discussion. Elle passa à côté d’eux sans qu’ils la remarque puis fit demi-tour pour s’incruster entre Shin et Shuuji, évinçant ainsi ce dernier en le poussant sur le côté sans prendre en compte ses éventuelles remarques.

Kayo : Hanazawa sama ! Je te cherchais partout... Il faut que tu saches quelque chose, c’est très important.

Ne pouvant s’accrocher au bras du garçon pour ne pas prendre le risque de l’irriter, elle se colla à lui sans entrer en contact et s’assura que Shuuji ne s’initierait pas à leur future conversation. Ce qu’il ne sembla pas vouloir faire vu la tête de résigner qu’il avait pris. Il ne semblait pas fâché mais Kayo se méfiait de lui malgré son apparence de gentil garçon. Après s’être assurée qu’il ne la gênerait pas, Kayo repris un large sourire sur les lèvres et s’appliqua à dévorer le jeune homme qu’elle accompagnait des yeux... Elle savait que sa présence n’était pas suffisante pour attirer son attention et qu’il fallait en ajouter un peu plus pour être sur d’avoir tout son intérêt.

Kayo : C’est... C’est à propos de l’un de tes amis... et de cette peste d’Ishikawa...

Kayo était aussi fourbe qu’un serpent pour tourner les choses à son avantages et afin d’y parvenir ici, elle avait pris un ton qui se voulait désemparer et paniqué. Comme ci ce qu’elle était sur le point d’annoncer était une catastrophe monumentale.

Kayo : Hanazawa sama ! Je te cherchais partout... Il faut que tu saches quelque chose, c’est très important.

Shin : J’espère que c’est pas juste une façon d’attirer mon attention.

Kayo : C’est... C’est à propos de l’un de tes amis... et de cette peste d’Ishikawa...

Shin :

Parle, seigneur ! Mon temps est précieux. Si ça n’en vaut pas la peine tu n’auras pas de mes nouvelles pendant un moment, j’te jure.

Courant presque à côté de Shin, Kayo fut un peu vexé en entendant qu’il l’accusait d’agir seulement pour attirer son attention. Bien sur que c’était dans ce but là mais Kayo n’aimait pas être percée à jour aussi facilement. Cela dit, elle garda son calme car elle s’avait pertinemment que la suite la rendrait forcément intéressante. Mais au lieu de tout lui avouer d’un coup et de partir en courant comme une voleuse (ce qui ne correspondait pas tellement à notre jeune fille) elle choisit de donner quelques miettes de ce qu’elle savait petit à petit pour garder l’attention du jeune homme le plus longtemps possible. C’est pour cela qu’elle révéla vouloir lui dire quelque chose sur l’un de ses amis et non avouer qu’il s’agissait de Anzai Ken. Et le simple fait d’ajouter le nom d’Ishikawa dans sa phrase devait suffire également à l’intéresser.

Cela sembla marcher à merveille puisqu’il daigna enfin lui adresser son regard. Seulement c’était sans compter sur la malice de notre jeune fille qui aimait faire durer les choses pour s’en délecter plus longtemps. Et l’impatience de notre jeune leader ne se fit pas attendre très longtemps. Ils étaient arrêtés dans le couloir à présent et Hanazawa semblait attendre qu’elle parler sans qu’il ait besoin de la solliciter d’avantage. Seulement Kayo aimait se donner de l’importance.

Shin : Parle, seigneur ! Mon temps est précieux. Si ça n’en vaut pas la peine tu n’auras pas de mes nouvelles pendant un moment, j’te jure.

Elle le regarda prendre une position plus imposante face à elle et ne prêta pas attention aux autres élèves qui passaient à côté d’eux. Baissant les yeux pour paraître plus fragile, elle commença à tripoter ses doigts pour lui faire comprendre qu’elle était mal à l’aise face à son attitude et que ce qu’elle avait à lui dire n’était pas facile à avouer.

Kayo : Je suis désolée Hanazawa sama... Je ne veux pas t’ennuyer tu sais mais je ne peux plus garder ça pour moi...

A force de manipuler son monde, Kayo savait adapter son attitude pour obtenir ce qu’elle voulait et elle finissait toujours par avoir ce qu’elle voulait. Relevant timidement la tête dans la direction de jeune homme, elle plongea une nouvelle fois ses yeux brillants dans ceux du garçon. Quelques badauds s’étaient arrêtés dans le couloir pour les observer et attendaient de voir la suite. Kayo savait que parfois il arrivait aux garçons du KnS de provoquer des règlements de compte avec d’autres élèves et peut être pensaient-ils que c’était ce qui était en train de se produire.

Kayo : Je... C’est difficile à dire... Ils m’ont demandé de ne rien te dire mais... Il s’agit de Anzai Ken et d’Ishikawa ! Je les ai vu tout les deux y a un mois, sortant d’une salle de cinéma et enlacés l’un à l’autre...

Malgré son talent pour jouer la comédie, il lui était difficile de sourire après avoir balancé ce secret si amusant. Se doutant que Shin pouvait mal réagir, Kayo recula d’un pas pour ne pas prendre le risque qu’il s’en prenne au messager.

Kayo : Je suis désolée Hanazawa sama... Je ne veux pas t’ennuyer tu sais mais je ne peux plus garder ça pour moi...

Kayo : Je... C’est difficile à dire... Ils m’ont demandé de ne rien te dire mais... Il s’agit de Anzai Ken et d’Ishikawa ! Je les ai vu tout les deux y a un mois, sortant d’une salle de cinéma et enlacés l’un à l’autre...

Shin : Anzai ? Ishikawa ?

Shin : Si c’est une blague tu vas le payer cher. Si t’en sais plus, dis-moi.

Bien qu’elle sache le garçon peu patient, il fallait reconnaître que Kayo s’amusait beaucoup à le faire languir. Elle aimait tellement se donner de l’importance et se savait bien trop mignonne et féminine pour être malmené par le leader des KnS. Mais bien que le jeu fût distrayant, il était également dangereux et ça, la jeune fille ne pouvait pas l’ignorer non plus. C’est pour cette raison qu’elle avait donné des informations d’abord au compte goutte, fixant l’attention du play boy sur ses dires, et s’assurant qu’il ne la laisserait pas en plan au milieu du couloir sur une saute d’humeur. Bien qu’ils aient déjà échangé un pseudo rendez-vous ensemble, elle n’était pas idiote au point de croire qu’il s’était attaché à elle. Et ce côté inaccessible et désintéressé d’elle l’agaçait. Elle le détester de lui accorder si peu d’importance là où d’autres aurait sauté sur l’occasion qu’elle leur offrait pour sortir avec elle et se pavaner comme un coq, lui l’ignorait sans la blesser, et même si elle détestait ça, elle le désirait encore plus. C’était un défi pour elle, et elle tournait sa vie autour de défi. Une fois qu’elle parvenait à faire ce qu’elle voulait cela ne l’amusait plus et elle s’en désintéressait. Mais lui la tourmentait en lui résistant. Quel goujat. En plus il ne semblait pas vouloir répondre à son petit jeu. Il s’impatientait de son silence sans pour autant la solliciter. Finalement Kayo se décida à lui balancer l’existence du couple Anzai/Ishikawa, attendant avec délectation la réaction de son camarade. Avouer que l’un de ses fidèles acolytes sort avec leur pire ennemie c’était une chose, lui dire qu’elle les avait vu enlacé l’un et l’autre en était une autre. Mais sa réaction ne se fit pas attendre très longtemps et déjà un léger sourire s’esquissait sur la bouche de notre jolie diablesse en jupon. Le regard toujours tourné vers le sol pour ne pas avoir à croiser celui de Shin, elle ne put ne pas voir le mouvement d’agacement du pied du jeune homme s’arrêter subitement. Comme pétrifié. Elle l’entendu prononcer le nom de Ken et d’Hikaru lentement, comme pour mieux intégrer l’information qu’elle venait de lui transmettre, son sourire s’élargit un peu plus en imaginant dans quel état il pouvait être et toute les questions qu’il devait se poser à l’instant mais n’eut pas le loisir de jubiler d’avantage. Elle sentit subitement le jeune homme lui saisir les épaules sans aucun ménagement et devant ce geste, elle ne put que lever vers lui des yeux plein d’interrogation. Ce n’était pas elle qui fraternisait avec l’ennemi, il n’avait pas besoin d’être violent envers elle juste parce qu’elle lui avait révélé la vérité.

Shin : Si c’est une blague tu vas le payer cher. Si t’en sais plu, dis moi.

Malgré le calme de sa voix qui était sensé refléter une quelconque forme de patience, Kayo n’était pas dupe et savait qu’il devait se retenir de ne pas exploser littéralement de colère face à l’aveu qu’il venait d’entendre. La bouche légèrement entrouverte, elle ne put retenir un frisson de peur face à l’attitude de ce jeune homme imposant et froid. Après tout elle ne savait pas grand-chose de lui finalement et rien ne lui prouvait qu’il ne s’en prendrait pas à elle physiquement si ses réponses manquaient d’intérêt ou de poids. Essayant de reprendre légèrement une contenance digne de sa personne, elle déglutit avec difficulté et se passa la langue sur sa lèvre supérieure avant de répondre peu rassurée.

Kayo : Je… Non ce… C’est la vérité ! Je… Ils sont sortis du cinéma ensemble et… Je n’ai pas menti, je t’assure !

Elle n’aimait pas se sentir oppressée par quelqu’un ni menacée d’ailleurs et là elle devait subir les deux en même temps pour la première fois. Décidemment, il semblait qu’elle faisait beaucoup trop de compromis à son goût pour séduire et obtenir ce garçon. L’espace d’une seconde, elle fut tentée de se libérer de son emprise en donnant un coup d’épaule en arrière mais n’osa rien faire, ne sachant pas réellement comment il le prendrait. Cela dit, Kayo bougea légèrement, de manière à montrer à son bourreau qu’elle se sentait mal à être tenu ainsi mais sans pour autant se dégager de son emprise afin qu’il garde le contrôle sur elle. Ce n’était pas du masochisme qu’elle faisait mais elle s’appliquait à flatter son égo de n’importe quelle façon.

Kayo : Quand je les ai reconnu tout les deux, je me suis empressée d’aller les voir pour qu’ils sachent… Mais Anzai sama m’a demandé de ne rien dire, pour lui, en souvenir de l’époque du collège alors je… J’ai gardé le secret… Du moins jusqu’à maintenant !

De nouveau elle baissa les yeux pour faire croire que cet aveu lui était difficile et qu’elle souffrait d’avoir menti comme d’avoir vendu Anzai Ken et Ishikawa Hikaru. Cela dit la réalité était autre. En dissimulant son visage sous la cascade de ses cheveux, elle cachait un nouveau sourire de jubilation. Diaboliquement lancé, la jeune fille venait d’avouer le lien possible qu’elle pouvait avoir avec Ken dans le passé, après libre à elle de broder une histoire à son avantage. Pauvre, pauvre Hikaru… Si seulement elle savait ce qui risquait de lui arriver. Expirant une grande bouffée d’air et sans relever la tête, Kayo continua dans sa lancée, tout en prenant soin de masquer sa joie dans sa voix.

Kayo : Je ne mens pas… Jamais… Pas à toi ! Ils… Elle a finalement réussi à le berner… avec ses grands yeux pleins de larmes et son air stupide ! Elle me dégoûte !

» Hanazawa Shin
» Coupez ! On la refait ! [Shin]